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La grande leçon de courage et de générosité des jeunes Espagnols, venus aider à reconstruire la région dévastée de Valence

LETTRE DE MADRID
Beaucoup les croyaient incapables d’abandonner leur portable plus de dix minutes, trop égocentriques et individualistes pour s’impliquer dans une cause. Leur réputation les précédait : fragiles, ultrasensibles, voire empotés. En général, pas trop débrouillards car surprotégés… A la surprise générale, les jeunes Espagnols ont donné une grande leçon de courage, de dévouement et de générosité à Valence, face aux dégâts provoqués par les tragiques inondations du 29 octobre. « On verra si les gens continueront à nous appeler la génération de verre maintenant… », lançait au Monde, un air de défi dans les yeux, José Catala, étudiant en mécanique de 19 ans, armé d’une pelle, le jean couvert de boue. Nous étions le 6 novembre, et le jeune homme faisait partie des bataillons de volontaires tout juste sortis de l’adolescence à l’œuvre dans la ville dévastée d’Algemesi, l’une des communes dévastée par la vague de 2 mètres de haut qui a débordé le fleuve Magre.
Sur les routes coupées menant aux communes de la banlieue sud, marchant d’un pas ferme et munis de balais, de provisions et de brouettes, ou dans les rues boueuses des villes dévastées, aidant les habitants à sortir leurs meubles gonflés d’eau, à empiler sur le trottoir les vestiges de leur vie d’avant les crues, à charger les tractopelles et nettoyer les maisons, c’est une armée de jeunes qui s’est d’abord mobilisée à Valence, souvent avant même que n’arrivent sur les lieux les pompiers et les militaires.
« Nos jeunes méritent un 10 sur 10. Sans eux, je ne sais pas comment on s’en sortirait », disait Carmina Redondo, propriétaire d’une boutique dévastée. « La petite amie de mon neveu, de 17 ans, est celle qui est passée par la fenêtre pour débloquer la porte et nous aider à sortir mon mari de la maison », expliquait, la voix chevrotante, Emilia Saba, 60 ans. Dans les demeures et les commerces dévastés, ils étaient nombreux, les larmes aux yeux, à accueillir en héros ces jeunes, la fleur au fusil, envers lesquels, ils l’avouent parfois, ils n’avaient pas trop d’espoir.
« On a d’abord nettoyé chez nous et depuis, on aide les autres : il y a besoin de bras ici », résumait simplement, une semaine après les inondations, Constantino Lopez, étudiant en informatique à l’université de Valence et voisin d’Algemesi. Accompagné de sa bande de copains, tous âgés de 19 ans – avec lesquels il joue d’ordinaire au jeu vidéo FIFA sur leurs consoles, quand ils ne font pas un match de football sur le terrain municipal transformé en une mare de gadoue –, le jeune homme avait passé sa matinée à frotter, balayer, laver des maisons du centre-ville de gens qu’ils ne connaissaient pas. Et il avouait en avoir marre des préjugés qui courent sur sa génération. « C’est vrai que le téléphone nous vole beaucoup de temps, mais on est des personnes et on sait s’entraider quand c’est nécessaire », ajoutait Javier Bombas, étudiant en master en métier de l’enseignement.
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